Impossible d'étudier la poésie française du XVIe siècle sans connaître La Pléiade !

 

En marge de cette période précise, La Pléiade a marqué la littérature au point d'avoir donné son nom à une collection de livres très connue.

 

Avoir quelques bases à propos de La Pléiade fait donc partie de la culture générale.

Qu'est-ce que La Pléiade ?

On nomme La Pléiade un groupe de poètes du XVIe siècle.

  • Origine du nom

Ce sont les poètes de ce groupe qui ont eux-mêmes choisi leur nom.

 

Ils voulaient faire référence à une constellation de sept étoiles, précisément parce qu'ils étaient sept.

 

Ils souhaitaient aussi prendre ce nom car il avait déjà été choisi par des poètes antiques des siècles avant eux.

 

En effet, ces poètes voulaient « rayonner » à la manière des grands poètes antiques latins qu'ils admiraient.

  • Les 7 poètes de La Pléiade

Les poètes de La Pléiade du XVIe siècle sont : Ronsard, Du Bellay, Jodelle, Baïf, Peletier, Belleau, Tyard.

 

La postérité a retenu en particulier deux d'entre eux : Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay.

Démarche de La Pléiade

  • Leur but

L'objectif des poètes de La Pléiade était de créer une belle poésie française et de devenir immortels à travers leurs poèmes.

 

Il faut préciser qu'à cette époque, au XVIe siècle, les poètes français composent souvent leurs poèmes en latin tant ils estiment que leur langue maternelle, le français, n'est pas propre à l'écriture poétique.

 

Cette démarche de mettre à l'honneur le français en poésie est donc nouvelle.

  • Leur manifeste

Quand un projet se met en place, on peut en rédiger les axes essentiels, en exprimer l'essence de façon théorique, par écrit. C'est le but d'un manifeste.

 

Pour le projet des poètes de La Pléiade, un texte sert de manifeste : il a pour titre Défense et illustration de la langue française.

 

Rédigé par Du Bellay en 1549, il signe précisément la création de La Pléiade.

 

Ce manifeste rappelle que les Romains avaient imité les Grecs pour innover et produire une belle poésie latine.

 

À leur tour, les poètes français doivent donc imiter les Anciens, c'est-à-dire les poètes antiques latins et grecs, afin de les dépasser et créer une poésie française digne de ce nom.

  • Influence italienne et rivalité

Outre les poètes grecs et latins, les poètes de La Pléiade connaissent aussi l'influence de la poésie italienne.

 

Celle-ci leur parvient à cette époque, au XVIe siècle, mais elle date d'un siècle auparavant : celle de Pétrarque, poète du XIVe siècle.

 

Notons d'ailleurs au passage que Ronsard et les autres avaient songé un instant s'appeler « La Brigade », dans une volonté d'affirmer leur rivalité avec les Italiens, avant de se fixer sur le nom de « La Pléiade ».

Écriture

  • Le triomphe de la poésie lyrique

La poésie de La Pléiade est essentiellement une poésie lyrique.

 

L'amour et la nature y ont une large place, de même que la nostalgie, en particulier chez Du Bellay.

 

Chez Ronsard, on retrouve aussi le thème de la fuite du temps et du présent dont il faut profiter (le « carpe diem » latin à savoir le « cueille le jour » français).

  • Formes stylistiques

Les formes adoptées sont variées.

 

Toutefois on note que le sonnet est une forme très utilisée chez les poètes de La Pléiade.

 

Il se présente alors en alexandrins ou en décasyllabes, avec souvent une utilisation du procédé stylistique de l'anaphore dans les quatrains.

Quelques textes

  • Extrait d'un poème de Jacques Peletier du Mans

Paru en 1547, ce poème de Jacques Peletier du Mans, poète de La Pléiade, exprime clairement les aspirations du groupe.

 

Ici les « vieux » sont les poètes antiques.

 

Titre : À un poète qui n'écrivait qu'en latin
 

J'écris en langue maternelle,
Et tâche à la mettre en valeur,
Afin de la rendre éternelle
Comme les vieux ont fait la leur,
Et soutiens que c'est grand malheur
Que son propre bien mépriser
Pour l'autrui tant favoriser.
Si les Grecs sont si fort fameux,

Si les Latins sont aussi tels,
Pourquoi ne faisons-nous comme eux,
Pour être comme eux immortels ?

  • Sonnet de Du Bellay

Ce sonnet de Du Bellay, poète de La Pléiade, célèbre la grandeur de Rome alors même qu'il n'en reste, déjà à son époque, que des ruines.

 

Ce poème figure dans son recueil Les Antiquités de Rome, paru en 1558.

 

Ni la fureur de la flamme enragée,
Ni le tranchant du fer victorieux,
Ni le dégât du soldat furieux,
Qui tant de fois, Rome, t'a saccagée,

 

Ni coup sur coup ta fortune changée,
Ni le ronger des siècles envieux,
Ni le dépit des hommes et des dieux,
Ni contre toi ta puissance rangée,

 

Ni l'ébranler des vents impétueux,
Ni le débord de ce dieu tortueux
Qui tant de fois t'a couvert de son onde,

 

Ont tellement ton orgueil abaissé,
Que la grandeur du rien qu'ils t'ont laissé
Ne fasse encore émerveiller le monde.

  • Sonnet de Ronsard

Ce célèbre sonnet de Pierre de Ronsard, poète de La Pléaide, est extrait du recueil Sonnets pour Hélène paru en 1578.

 

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

 

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

 

Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

 

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

 

 

Dernière relecture de cette fiche : 30/04/2021

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