Le « romantisme », qu'est-ce que c'est ?

Le romantisme est un état d'esprit qu'on retrouve chez plusieurs artistes du début du XIXe siècle, vers 1820, et qui forme ainsi un phénomène collectif de grande ampleur qu'on nomme « mouvement littéraire et culturel ».

Parmi ces romantiques, on peut citer en France les poètes Lamartine et Victor Hugo ainsi que les écrivains Chateaubriand, Musset et Stendhal mais aussi les peintres Delacroix et Géricault ou encore les musiciens Berlioz et Chopin.

Le mouvement touche en vérité toute l'Europe. Par exemple, en Allemagne, sont romantiques le peintre Caspar David Friedrich et le musicien Beethoven ; en Angleterre l'écrivain Mary Shelley ou encore les poètes Lord Byron et John Keats.

Quelles sont les caractéristiques de ce mouvement ?

Des thèmes reviennent régulièrement chez les romantiques. Il s'agit d'un certain mal de vivre appelé « mal du siècle » par Alfred de Musset dans La Confession d'un enfant du siècle (1836). La jeune génération française regrette en effet la période de gloire de Napoléon Ier, comme c'est par exemple le cas de Julien, personnage principal du Rouge et le Noir de Stendhal (1830) et se sent profondément républicaine. Le peintre Delacroix a justement peint La Liberté guidant le peuple en 1831.

Fasciné par la mort, le poète se réfugie aussi dans la nature, ce qui lui permet d'exprimer des sentiments exaltés et de décrire des paysages qui reflètent son état d'âme. C'est ce qu'on trouve justement dans le poème L'automne de Lamartine (1820) ou encore dans des passages de Frankenstein de Mary Shelley (1818) et des tableaux de Caspar David Friedrich comme Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages (1818) ou bien Le Radeau de la méduse de Géricault (1818).

Quels genres littéraires sont concernés ?

Le romantisme s'exprime dans tous les genres littéraires. Ainsi Victor Hugo bouleverse les codes du théâtre. Dans sa préface de Cromwell en 1827, il refuse l'imitation des Anciens et prône la création du « drame romantique », mêlant le sublime et le grotesque comme le fit Shakespeare. Le drame romantique doit dépasser les limites entre tragédie et comédie, rejeter l'unité de lieu et de temps mais conserver l'unité d'action ainsi que l'alexandrin, toutefois en n'hésitant pas à le disloquer et en utilisant une langue plus contemporaine. La pièce Hernani de Victor Hugo crée justement une « Bataille », c'est-à-dire un scandale, en 1830.

Les romantiques exploitent aussi de nouveaux thèmes. Ils s'intéressent par exemple à tout ce qui sort du quotidien et de l'ordinaire : au rêve, à l'étrange, à l'histoire et aux cultures étrangères. Ainsi de nombreux romans historiques sont publiés, tels que Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas en 1844, dont l'histoire se passe au XVIIe siècle, ou encore Notre-Dame de Paris de Victor Hugo paru en 1831 et dont l'intrigue se déroule au XVe siècle . De plus l'Orient fascine par son exotisme les auteurs romantiques comme le peintre Delacroix dans Scène des massacres de Scio : familles grecques attendant la mort ou l'esclavage (1824) ou Victor Hugo dans son recueil Les Orientales (1829). Le genre fantastique, introduisant le surnaturel dans la réalité, a également beaucoup de succès ; c'est le cas par exemple des nouvelles fantastiques La Cafetière de Théophile Gautier (1831) ou La Vénus d'Ille de Prosper Mérimée (1837).

Que dire des romantiques ? Sont-ils des rebelles ?

Les auteurs romantiques souhaitent effectivement agir pour la construction d'une société meilleure. Ainsi des poètes s'engagent dans leurs créations littéraires mais aussi de façon concrète, en faisant de la politique. Alphonse de Lamartine devient par exemple député en 1832 et accède même aux plus hautes fonctions de l'état en devenant chef du gouvernement provisoire de la République en 1848. Victor Hugo, lui, s'engage contre la peine de mort en rédigeant Le Dernier jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834. Il dénonce aussi la cruauté du travail des enfants dans Melancholia (1856). Devenu député en 1849 puis exilé pendant vingt ans suite au coup d'état de Napoléon III, il exprime sa colère et son mépris, par exemple dans Chanson du recueil Les châtiments en 1853.