Le THÉÂTRE au LYCÉE

En classe de seconde, l'objet d'étude porte sur : « Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle ».

La période concerne presque tous les siècles : le XVIIe, le XVIIIe, le XIXe, le XXe et le XXIe siècle. 

En classe de première, l'objet d'étude est identique.

Bien sûr, à chaque fois on insiste non seulement sur la diversité et l'évolution des formes théâtrales mais aussi sur le lien entre le texte et la représentation, ce qui suppose de connaître l'espace théâtral, le rôle du metteur en scène, certains noms de scénographes, etc.

Quelles sont les attentes des examinateurs pour le bac ?

Lorsque vous étudiez un texte de théâtre, par exemple pour le commentaire, vous devez montrer que vous tenez compte de l'aspect théâtral. Cela suppose deux choses : la maîtrise du vocabulaire technique propre au théâtre et la prise en considération de la représentation potentielle, même si vous êtes face à une feuille.

Nous vous invitons bien sûr à réviser le vocabulaire du théâtre en lisant la fiche correspondante dans « Résumés de cours - Lycée » :

  • Vocabulaire du théâtre : lien ICI.

Quant à la prise en considération de la représentation potentielle, cela signifie que vous devez toujours « voir » la scène pour l'étudier, c'est-à-dire imaginer dans votre tête que vous assistez à une représentation et non que vous lisez un texte sur une feuille de papier.

C'est seulement de cette manière que vous pourrez par exemple repérer un comique de gestes ou bien remarquer que tel personnage ne prend pas la parole alors qu'il est présent sur scène ! Ces détails peuvent être très importants et constituer précisément la force d'une scène.

L'examinateur attend également de votre part des connaissances sur l'histoire du théâtre qui implique de connaître les genres théâtraux et leur évolution mais aussi une connaissance de l'évolution de l'espace théâtral à travers les siècles. 

Que faut-il savoir à propos de l'histoire du théâtre ?

Pour résumer, vous devez savoir que le théâtre est né au Ve siècle avant J.-C. dans la Grèce antique et que dès l'Antiquité on a distingué deux genres théâtraux : la tragédie et la comédie, en y associant des caractéristiques et des règles. Au niveau lycée, on vous demande de savoir que cette situation était également en vigueur au XVIIe siècle. Vous révisez ainsi les différentes règles et caractéristiques de la tragédie et de la comédie au XVIIe siècle.

D'autre part, vous devez connaître l'importance du tournant amorcé par le XVIIIe siècle à travers les comédies sociales et drames bourgeois avec une disparition annoncée de ces deux grandes catégories. Le drame romantique du XIXe siècle, théorisé par Victor Hugo dans sa préface de Cromwell signe définitivement la suppression des règles qu'avait fixées le théâtre classique.

Au XXe siècle, le théâtre est affranchi de toute contrainte. De nombreux dramaturges, évidemment marqués par les guerres mondiales, choisissent un retour aux grands mythes antiques pour créer des tragédies modernes qui possèdent seulement certaines caractéristiques de la tragédie classique mais offrent une réelle originalité et un questionnement presque philosophique du monde. Le théâtre de l'absurde exploite quant à lui les limites du langage et du pouvoir de la parole, là encore pour interroger l'humanité et l'évolution de la société. Autre voie : celle du théâtre philosophique engagé qui questionne l'Homme sur l'attitude à adopter dans l'existence. En parallèle de ce théâtre d'idées, des comédies légères continuent également à s'écrire et à se jouer, dans le prolongement des vaudevilles du XIXe siècle, n'ayant pas d'autre but que de distraire les spectateurs en reprenant leur quotidien.

Aujourd'hui encore, de multiples genres existent, à rapprocher plutôt de la tragédie ou plutôt de la comédie, mais libres de contraintes et s'inscrivant dans la modernité.

Si vous avez des doutes ou si vous souhaitez progresser, nous vous conseillons le site Les Pros de l'Écrit : https://lesprosdelecrit.fr/

Que retenir sur l'évolution de l'espace théâtral au fil des siècles ?

Le théâtre s'est d'abord joué à l'extérieur dans des amphithéâtres puis sur des tréteaux et enfin à l'intérieur, dans des salles dites « théâtres à l'italienne ». La technique qui est apparue au fil des siècles a toujours eu des conséquences sur l'écriture et la mise en scène ; c'est le cas par exemple de l'électricité puis de l'informatique.

Retenez donc que le dramaturge tient compte de la future représentation de sa pièce, en rédigeant par exemple des didascalies, mais aussi de la matérialité de cette future représentation : espace scénique réduit ou non, outils techniques à sa disposition selon son époque...

Pour en savoir plus à propos de l'espace scénique, nous vous invitons à lire la fiche correspondante sur le site dans les « Résumés de cours - Lycée » :

  • Evolution de l'espace théâtral : lien ICI.

Que dire sur la représentation théâtrale ?

Lors d'une représentation théâtrale, soyez particulièrement attentif aux choix opérés par le metteur en scène et par chaque membre de sa troupe.

Analysez le décor qu'on nomme désormais scénographie : qu'a fait construire le scénographe ? Plusieurs décors ? Si oui à quel moment changent-ils ? Y a-t-il un seul décor ? Par quelles astuces sert-il à toutes les scènes même lorsque le cadre est censé changer ? 

Regardez les costumes : sont-ils fidèles à l'époque de l'histoire ? Portent-ils des couleurs symboliques ? Les costumes et couleurs des personnages sont-elles similaires, se font-elles écho ? Observez les accessoires : là encore que signifient-ils ? Comment le metteur en scène a-t-il choisi de représenter la fragilité ? Par une robe légère à volants ? Le pouvoir par des bottes de soldat ? etc. Ces costumes et accessoires sont-ils conformes à ce que vous attendiez ? Qu'ajoutent-ils comme signes extérieurs au caractère des personnages ? Remarquez aussi les coiffures et les maquillages. Tout a fait l'objet d'un choix ; tout fait signe.

Écoutez les comédiens dans leur façon de parler : quelle diction adoptent-ils ? Pourquoi le metteur en scène leur a-t-il donné telle consigne ? Comment se déplacent-ils ? Qu'est-ce que cela ajoute à la scène ? En quoi cela renforce-t-il ou au contraire s'oppose à vos impressions de lecteur ?

Étudiez chaque détail : les lumières et leur changement ; à quel moment ? pour souligner quel événement ? pour accompagner quelle émotion ? Écoutez les sons et la musique : pourquoi ces choix ?

En un mot, soyez critique ; comparez le texte et la représentation faite : appréciez chaque trouvaille du metteur en scène, commentez-la et essayez de la justifier. N'oubliez pas qu'au théâtre tout fait sens : les paroles ne sont qu'un élément parmi d'autres et peuvent passer au dernier plan selon les choix de la mise en scène.

Chaque représentation est une façon de réécrire la pièce. Ne serait-ce que parce qu'elle est jouée par des comédiens, qui prêtent leur corps aux personnages, la représentation réinvente forcément le texte du dramaturge. Ceci est à comprendre et vous devez être en mesure de bien l'expliquer à l'examinateur.

Quels sujets peuvent tomber au bac de français à l'écrit, sur le théâtre, pour le commentaire ?

Même s'il est impossible de prévoir les sujets, on peut toutefois envisager des pistes...

On peut s'attendre par exemple à :

  • une scène d'exposition 

  • ou à une scène de dénouement

  • ou à un monologue

  • ou à une scène de conflit (conflit interne lors d'un monologue, conflit violent physiquement entre des personnages, conflit argumenté entre personnages entretenant une relation dominant / dominé, etc)

  • ou bien à un thème traditionnel au théâtre (à propos de la figure du Roi ; à propos de la notion de pouvoir ; à propos du mensonge ; à propos de l'aveu amoureux ; à propos d'une bataille ; à propos d'un récit ; etc)

Les grandes questions que vous aurez à vous poser sont les suivantes.

  • Si c'est un début de la pièce : quelles sont les attentes du spectateur ? Observez alors l'écart qui existe forcément entre ce à quoi il s'attend et ce qu'on lui propose sur scène ou en lecture, à imaginer sur scène.

  • Si c'est la fin de la pièce : répond-elle à l'attente du spectateur ? Y a-t-il ou non des rebondissements, qui se soldent par la mort ou non d'un personnage, etc ?

  • Pensez au côté artificiel du théâtre, avec un monologue par exemple qui n'aurait jamais lieu dans la vie réelle... Pourquoi faire semblant ? quel intérêt y a-t-il à créer quelque chose qui sonne faux ?

  • N'oubliez pas l'effet de catharsis puisque le théâtre permet de mettre en scène des conflits moraux, physiques...

  • Interrogez les thèmes qui renvoient aux émotions et aux interrogations du spectateur sur sa propre vie, sur la société dans laquelle il évolue, etc.

  • Étudiez le rapport entre texte et représentation avec le rôle du metteur en scène et du spectateur, qui viennent compléter le travail du dramaturge

Quels sujets peuvent tomber au bac de français à l'écrit, sur le théâtre, pour la dissertation ?

Le sujet rejoindra le parcours précis fixé par le programme, en fonction d'une œuvre déterminée. 

De manière générale, comment peut-on bien se préparer à une réflexion sur le théâtre ?

Ceci dépasse le simple cadre du lycée. 

Pour aller plus loin dans la réflexion sur le théâtre, qu'on soit au lycée ou à l'université, il faut bien entendu lire un maximum de pièces de théâtre et regarder des pièces jouées : soit au théâtre bien sûr ; soit en empruntant dans une Médiathèque des DVD de pièces filmées.

Nous vous conseillons également de lire des préfaces de pièces, par exemple celles rédigées par Racine ou bien la préface de Cromwell de Victor Hugo mais aussi de célèbres textes théoriques, notamment en extraits dans les manuels scolaires, tels que Le Théâtre et son double d'Antonin Artaud, Notes et contre-notes de Ionesco ou encore Le Théâtre d'Anne Ubersfeld.

Voici quelques théoriciens du XXe siècle :

Antonin Artaud, artiste et théoricien sur le théâtre dans les années 1930 constate que la mise en scène dans le théâtre occidental privilégie la parole et les mots au détriment du reste. Or le théâtre oriental montre qu'on peut procéder différemment. Ainsi il pense qu'il est dommage de restreindre la théâtralité au texte : il souhaite libérer le théâtre de cet assujettissement à la parole. Selon lui, le théâtre s'adresse en effet d'abord aux sens puis à l'esprit. Cette nouvelle façon d'envisager le théâtre va bouleverser l'histoire du théâtre et donner une grande liberté et une nouvelle importance au metteur en scène.

Eugène Ionesco, dramaturge des années 1950-1960, estime qu'au théâtre tout est exagéré, qu'on voit "les grosses ficelles". Il pense donc qu'il faut assumer pleinement cette caricature et même la souligner davantage. Il affirme également que le théâtre est par conséquent inapte aux raffinements de la poésie, de l'analyse et de la pensée. Selon lui, le théâtre est un art à effets et les effets sont forcément gros ; par conséquent le théâtre idologique est impossible. Il considère même que lorsque le théâtre veut se faire le véhicule d'idées, il les simplifie dangereusement.

Anne Ubersfeld est une grande théoricienne sur le théâtre dans les années 1980. Elle explique que la particularité du texte théâtral est son caractère incomplet. Le théâtre ne se réalise pleinement que dans la représentation, pour laquelle le metteur en scène a forcément des choix à faire.

Vous trouverez ci-après quelques extraits de textes théoriques des XVIIe et XIXe siècles :

Préface de Bérénice (Racine, XVIIe siècle) – extrait :

« Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. Je crus que je pourrais rencontrer toutes ces parties dans mon sujet. Mais ce qui m'en plut davantage, c'est que je le trouvai extrêmement simple. Il y avait longtemps que je voulais essayer si je pourrais faire une tragédie avec cette simplicité d'action qui a été si fort du goût des anciens. Car c'est un des premiers préceptes qu'ils nous ont laissés : "Que ce que vous ferez, dit Horace, soit toujours simple et ne soit qu'un". […]

Il n'y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie. Et quelle vraisemblance y a−t−il qu'il arrive en un jour une multitude de choses qui pourraient à peine arriver en plusieurs semaines ? Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d'invention. Ils ne songent pas qu'au contraire toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien, et que tout ce grand nombre d'incidents a toujours été le refuge des poètes qui ne sentaient dans leur génie ni assez d'abondance ni assez de force pour attacher durant cinq actes leurs spectateurs par une action simple, soutenue de la violence des passions, de la beauté des sentiments et de l'élégance de l'expression. [...]La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. Mais toutes ces règles sont d'un long détail, dont je ne leur conseille pas de s'embarrasser. Ils ont des occupations plus importantes. Qu'ils se reposent sur nous de la fatigue d'éclaircir les difficultés de la poétique d'Aristote, qu'ils se réservent le plaisir de pleurer et d'être attendris, […] »

Premier placet au roi à propos de Tartuffe (Molière, XVIIe siècle) – extrait :

« Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que, dans l'emploi ou je me trouve, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle; et, comme l'hypocrisie, sans doute, en est un des plus en usage, des plus incommodes et des plus dangereux, j'avais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens de votre royaume, si je faisais une comédie qui décriât les hypocrites, et mît en vue, comme il faut, toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries couvertes de ces faux-monnayeurs en dévotion, qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistique. Je l'ai faite, Sire, cette comédie, avec tout le soin, comme je crois, et toutes les circonspections que pouvait demander la délicatesse de la matière; et, pour mieux conserver l'estime et le respect qu'on doit aux vrais dévots, j'en ai distingué le plus que j'ai pu le caractère que j'avais à toucher. Je n'ai point laissé d'équivoque, j'ai ôté ce qui pouvait confondre le bien avec le mal, et ne me suis servi dans cette peinture que des couleurs expresses et des traits essentiels qui font reconnaître d'abord un véritable et franc hypocrite. Cependant toutes mes précautions ont été inutiles. »

Art poétique (Boileau, XVIIe siècle) – extrait :

« Que dans tous vos discours la passion émue
Aille chercher le cœur, l’échauffe et le remue.
Si, d’un beau mouvement l’agréable fureur
Souvent ne nous remplit d’une douce « terreur »,
Ou n’excite en notre âme une « pitié » charmante,
En vain vous étalez une scène savante ;
[...]
Le secret est d’abord de plaire et de toucher :
Inventez des ressorts qui puissent m’attacher.
Que dès les premiers vers, l’action préparée
Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.
[...]
Nous voulons qu’avec art l’action se ménage ;
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas :
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.
Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose :
Les yeux, en le voyant, saisiraient mieux la chose ;
Mais il est des objets que l’art judicieux
Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux.
[...]
Et que l’amour, souvent de remords combattu,
Paraisse une faiblesse et non une vertu.
[...]
Il faut dans la douleur que vous vous abaissiez.
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.

Préface de Cromwell (Victor Hugo, XIXe siècle) – extrait :

[…] le grotesque a un rôle immense. […] La même impression, toujours répétée, peut fatiguer à la longue. Le sublime sur le sublime produit malaisément un contraste, et l'on a besoin de se reposer de tout, même du beau. Il semble, au contraire, que le grotesque soit un temps d'arrêt, un terme de comparaison, un point de départ d'où l'on s'élève vers le beau avec une perception plus fraîche […] Nous voici parvenus à la sommité poétique des temps modernes. Shakespeare, c'est le Drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie [...]. Car la poésie vraie, la poésie complète, est dans l'harmonie des contraires. […] après ces tragédies et ces comédies quelque chose à faire, le drame.

[…] L'unité de temps n'est pas plus solide que l'unité de lieu. L'action, encadrée de force dans les vingt-quatre heures, est aussi ridicule qu'encadrée dans le vestibule. Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier. Verser la même dose de temps à tous les événements ! appliquer la même mesure sur tout ! On rirait d'un cordonnier qui voudrait mettre le même soulier à tous les pieds. […] Il suffirait enfin, pour démontrer l'absurdité de la règle des deux unités, d'une dernière raison […] C'est l'existence de la troisième unité, l'unité d'action, la seule admise de tous parce qu'elle résulte d'un fait : l'œil ni l'esprit humain ne sauraient saisir plus d'un ensemble à la fois. Celle-là est aussi nécessaire que les deux autres sont inutiles.

[…] nous voudrions un vers […] osant tout dire [...] ; passant d'une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; […] sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d'alexandrin ; plus ami de l'enjambement qui l'allonge que de l'inversion qui l'embrouille ; fidèle à la rime […] fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue […] Il nous semble que ce vers-là serait bien aussi beau que de la prose. […] L'idée, trempée dans le vers, prend soudain quelque chose de plus incisif et de plus éclatant. C'est le fer qui devient acier.

Dernière mise à jour : février 2024.

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