Pour étudier un sujet, il est intéressant d'être précis.

 

Cela s'applique évidemment à la littérature et notamment à la poésie.

Définition d'un vers

  • Définition

Un vers correspond à une ligne dans un poème.

 

Le vers est marqué sur la page par un retour à la ligne, conformément à son étymologie.

  • Étymologie

L'origine du mot est le « versus » latin, issu de « vertere » = tourner.

 

Le « versus » est donc le « sillon » que le laboureur trace de façon régulière dans son champ, en revenant à son extrémité comme on revient à la ligne pour écrire un poème.

  • La majuscule à l'initiale

À noter que le vers s'accompagne d'une majuscule à l'initiale en poésie traditionnelle, c'est-à-dire environ jusqu'au début du XXe siècle.

 

Attention ! Un vers n'est pas une phrase !

 

Une phrase commence par une majuscule et finit par un point, présentant une cohérence syntaxique.

 

Dans un poème, une phrase peut parfaitement s'étendre sur plusieurs vers ; à l'inverse un long vers peut comprendre plusieurs phrases.

Le nom des vers

  • Vers pairs et impairs

Un vers qui contient un nombre de syllabes pairs (12, 10, 8, 6, etc) est appelé « vers pair ».

 

Un vers qui contient un nombre impair de syllabes (11, 9, 5, etc) est appelé « vers impair ».

  • Le nom des vers selon leur longueur

Un vers porte un nom précis selon sa longueur qu'on détermine en comptant le nombre de syllabes qu'il contient.

Les vers les plus fréquents

Les vers pairs de 8 syllabes et davantage sont les plus fréquents.

Un vers de 8 syllabes est nommé un octosyllabe.

 

Un vers de 10 syllabes est nommé un décasyllabe.

Un vers de 12 syllabes est appelé un alexandrin depuis son usage dans le Roman d'Alexandre au Moyen Âge. Pour l'anecdote, il pourrait s'appeler sinon un dodécasyllabe.

Les vers les plus rares

Les vers de moins de 8 syllabes sont extrêmement rares.

 

Les vers impairs ne sont pas fréquents non plus.

Un vers de 2 syllabes = un dissyllabe / Un vers de 3 syllabes = un trisyllabe / Un vers de 4 syllabes = un tétrasyllabe / Un vers de 5 syllabes – un pentasyllabe / Un vers de 6 syllabes = un hexasyllabe / Un vers de 7 syllabes = un heptasyllabe / Un vers de 9 syllabes = un ennéasyllabe / Un vers de 11 syllabes = hendécasyllabe.
 

À noter aussi qu'au-delà de douze syllabes, le vers s'appelle un verset. C'est le cas par exemple dans les poèmes de Saint-John Perse.

Vers réguliers et irréguliers

Selon si les vers du poème sont tous identiques ou non en matière de longueur, on parle de vers réguliers ou de vers irréguliers.

 

Souvent, dans la poésie traditionnelle, les poèmes présentent des vers réguliers. Cela signifie que tous les vers du poème sont identiques en longueur. Ce sont par exemple tous des alexandrins ou bien tous des décasyllabes.

 

Sinon, il s'agit de vers irréguliers.

  • La variété de la longueur des vers dans un poème

Les vers irréguliers sont à observer.

L'hétérométrie

Une combinaison de plusieurs vers de longueurs différentes à l'intérieur d'un même poème se nomme une hétérométrie.

 

Ainsi les fables de La Fontaine au XVIIe siècle présentent très souvent une hétérométrie.

 

Il y a des octosyllabes, des décasyllabes, des alexandrins. Cette variété sert à créer un certain dynasmisme et à rompre la monotonie des vers réguliers pour rendre la fable plus vivante, plus amusante.

Les vers libres

Dans la poésie moderne, à partir du XXe siècle, les poètes s'autorisent à faire des retours à la ligne, c'est-à-dire des vers, mais sans se préoccuper de leur longueur ni même des rimes.

 

Ce sont des « vers libres ».

Les vers rimés

  • Définition des vers rimés

Une rime est la répétition d'un même son en position finale dans au moins deux vers, qu'ils se suivent ou non dans le poème.

 

Les vers rimés sont des vers qui présentent des rimes entre eux.

 

On peut nommer les rimes selon deux critères différents : le nombre de sons contenus dans la rime et la disposition des vers concernés par cette rime.

  • Rimes pauvres, suffisantes et riches

Rime pauvre

Une rime qui contient un seul son se nomme une « rime pauvre ».

 

Par exemple la rime en « -é » est une rime pauvre.

Rime suffisante

Une rime qui contient deux sons se nomme une « rime suffisante ».

 

Par exemple la rime en « -té » est une rime suffisante car elle contient deux sons : le son « te » et le son « é ».

Rime riche

Une rime qui contient trois sons ou plus de trois sons se nomme une « rime riche ».

 

Par exemple la rime en « -ité » est une rime riche car elle contient trois sons : le son « i », le son « te » et le son « é ».

  • Rimes suivies, croisées, embrassées

Rimes suivies

Une rime présente sur des vers successifs est une « rime suivie ».

 

On l'appelle aussi « rime plate ».

 

Lorsque plusieurs rimes sont présentes dans le texte, on les nomme selon la disposition des vers concernés par ces rimes.

 

Imaginons ainsi une rime qu'on appellera A et une autre rime en une autre son qu'on appellera B.

 

La disposition de rimes AABB correspond à des « rimes plates » ou « rimes suivies ».

Rimes croisées

La disposition en ABAB correspond à des « rimes croisées » appelées aussi « rimes alternées ».

Rimes embrassées

La disposition en ABBA correspond à des « rimes embrassées ».

Le rythme des vers

Un vers présente un rythme.

 

On peut procéder en effet à une sorte de découpage rythmique.

 

À ce sujet, il convient de distinguer la césure de la coupe.

  • La césure

La césure correspond au découpage rythmique fixe d'un vers.

 

Ainsi, spontanément, un alexandrin apparaît comme un assemblage de deux parties : d'abord la première, composée de six syllabes ; puis la seconde, composée des six syllabes restantes.

 

Chaque moitié d'alexandrin se nomme un hémistiche.

 

On dit donc qu'un alexandrin présente une « césure à l'hémistiche ».

 

Lorsqu'on analyse un texte, on la signale par une double barre : //

  • La coupe

La coupe correspond quant à elle au découpage rythmique proposé par le vers, selon le choix effectué par le poète en matière de ponctuation et de logique grammaticale.

 

Coupe et césure peuvent coïncider, c'est le cas par exemple dans les tragédies classiques, mais elles peuvent aussi se compléter voire s'opposer. Lorsqu'on analyse un texte, on signale la césure par une simple barre : /

  • Exemple

Prenons par exemple les deux premiers vers d'un poème de Victor Hugo :

 

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;

 

On peut indiquer que le premier alexandrin propose un parallélisme de construction, à savoir une répétition de structure.

 

La coupe vient ici renforcer la césure à l'hémistiche en 6 // 6 dans « Elle était déchaussée » (= 6) + « elle était décoiffée » (= 6).

 

En revanche, le deuxième alexandrin présente une coupe qui complète la césure à l'hémistiche et donne un nouveau rythme à cet alexandrin, plus léger, celui-ci s'analysant en 3 / 3 // 6 dans « Assise » (= 3) + « les pieds nus » (= 3) + « parmi les joncs penchants » (= 6).

 

Ces deux alexandrins ont donc la même césure, fixe, mais présente des coupes différentes, qui leur donnent un rythme différent à chacun.

Les strophes

  • Définition d'une strophe

Une strophe correspond à un groupe de vers.

  • Le nom des strophes

La strophe se nomme non pas d'après le nombre de syllabes mais d'après le nombre de lignes c'est-à-dire de vers.

 

Attention ! Contrairement au vers, la démarche est donc cette fois verticale et non horizontale !

Les strophes les plus courantes

Les strophes les plus courantes sont : le quatrain qui désigne un ensemble de 4 vers et le tercet qui désigne un ensemble de 3 vers.

Les autres strophes

Une strophe de 2 vers = un distique / Une strophe de 5 vers = un quintil / Une strophe de 6 vers = un sizain / Une strophe de 7 vers = un septain / Une strophe de 8 vers = un huitain / Une strophe de 9 vers = un neuvain / Une strophe de 10 vers = un dizain

  • Le rythme dans la strophe

Un vers peut correspondre à une phrase mais ce n'est pas toujours le cas.

Enjambement

Une phrase grammaticale peut aussi s'étendre sur plusieurs vers.

 

Ce phénomène se nomme un enjambement.

 

Le lecteur doit alors poursuivre sa lecture sur le vers suivant afin de comprendre le sens de la phrase qu'il est en train de lire.

 

Ceci va donner un certain rythme au poème, emporter le lecteur et créer souvent une impression de flux entraînant, voire un effet de chute à la fin de l'enjambement.

Exemple d'enjambement

Voyons le quatrain suivant, extrait de Le lac de Lamartine (XIXe siècle).

 

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Le rejet

Le rejet est un enjambement particulier car il se termine non pas à la fin d'un vers mais dans sa partie initiale.

 

Ceci crée toujours un effet de surprise, la fin de cet enjambement paraissant un peu abrupte.

 

Le rejet est bien entendu un procédé de mise en valeur d'un mot, d'une idée. Il est identifiable grâce à la coupe.

Exemple de rejet

Voyons l'extrait suivant du poème Le Dormeur du val de Rimbaud (XIXe siècle).

 

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

 

Le mot «dort» est placé par la coupe en rejet et vient rompre les enjambements pour surprendre le lecteur.

Le contre-rejet

Le contre-rejet désigne un phénomène similaire : cette fois l'enjambement commence en partie finale de vers.

 

Ceci crée également un effet de surprise. Alors que le lecteur croit le vers terminé, il considère le groupe de mots placé en contre-rejet comme une sorte d'ajout inattendu.

 

Ceci met en valeur le groupe de mots concerné. Là encore, c'est la coupe qui fait le contre-rejet.

Exemple de contre-rejet

Voyons un extrait du poème Les pauvres gens de Victor Hugo dans le recueil La légende des siècles (XIXe siècle).
 

Leur haleine est paisible et leur front calme. Il semble
Que rien n'éveillerait des orphelins dormant,
Pas même le clairon du dernier jugement ;

 

Le groupe de mots « Il semble » est placé en contre-rejet.

Les sonorités dans un poème

  • Diérèse et synérèse

Une syllabe correspond généralement à un son.

 

Pourtant deux exceptions existent : la diérèse et la synérèse.

 

À noter que les diérèses et les synérèses sont non seulement à bien respecter à l'oral lors de la lecture d'un poème mais aussi à étudier dans l'analyse du poème car elles créent forcément un effet.

 

Bien sûr, c'est en fonction de l'environnement, c'est-à-dire des autres vers, que le lecteur sait s'il existe cette particularité, diérèse ou synérèse, afin que le vers qui la contient soit en accord avec le même nombre de syllabes que les autres vers.

Diérèse

On peut en effet volontairement dire en deux sons une seule syllabe.

 

Par exemple le mot « cassions » contient a priori deux syllabes « ca- » et « -ssions ». En langage courant oral, on considère qu'il y a deux syllabes.

 

Pourtant, on peut séparer les sons « -ssi » et « - ons » dans la deuxième syllabe.

 

C'est ce qu'on appelle une diérèse : la dissociation en deux syllabes d'un son correspondant normalement à une seule syllabe.

Synérèse

Quand deux syllabes se prononcent en une seule, comme si on parlait très vite, on nomme ce phénomène une synérèse.

  • Les sonorités des mots

L'allitération

Une allitération est la répétition d'un son consonne à l'intérieur du poème.

L'assonance

Une assonance est la répétition d'un son voyelle à l'intérieur du poème.

Les formes des poèmes

Il existe une variété de formes.

 

Deux formes sont particulièrement à connaître : le sonnet et le poème en prose.

  • Le sonnet

Le sonnet est une forme fixe composée de deux quatrains suivis de deux tercets.

 

Les rimes attendues sont en ABBA, ABBA, CCD, EED ou bien EDE.

  • Le poème en prose

Le poème en prose est un poème qui n'est pas écrit en vers, pas même en vers libres.

 

On le considère pourtant comme un poème selon différents critères (voir article à ce sujet sur le site).

 

 

Dernière relecture de cet article : 30/04/2021

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