Genre : Roman d'inspiration autobiographique, pour adultes (dès le lycée).

Résumé : De « grand-père », cigarette au bec au volant de sa 2 CV qui prend la pluie, à Marie la petite tante, femme frêle qui ne fut jamais mariée, en passant par « grand-mère » au dentier en or ou « papa » trop tôt disparu, le narrateur évoque ses morts, ces êtres chers qui bercèrent son enfance et découvre peu à peu, derrière les souvenirs personnels, les traces indélébiles de l'Histoire.

Notre avis : Bien. Un roman extrêmement soigné, à la plume précise comme l'outil de l'orfèvre. Chaque page, chaque phrase est ciselée, objet remarquable d'une grande richesse de vocabulaire et d'une acuité du regard extraordinaire. A la limite de la prose poétique, le style de Jean Rouaud est ainsi envoûtant et dit avec exactitude ce que chacun d'entre nous a forcément pensé ou vécu mais jamais su exprimer avec une telle justesse. Le lecteur se laisse alors guider et se rend compte seulement peu à peu que l'auteur le mène lentement à une réflexion sur le passé éclairant le présent, du côté de l'histoire avec un grand H. D'où le titre, qui ne se justifie concrètement que sur une dizaine de pages mais qui explique en profondeur le comportement des personnages. L'ensemble paraît toutefois difficile à suivre, voire franchement lassant pour des lecteurs non littéraires, car il manque cruellement de dialogues et de dynamisme. Avis à ceux qui cherchent de l'action : passez votre chemin ! En revanche, ceux qui apprécient les belles phrases pourront s'en délecter. Les pages concernant la pluie sont par exemple à encadrer ou à apprendre par coeur : un vrai coup de foudre stylistique ! Dernière précision : le livre a reçu le Prix Goncourt en 1990.